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le blog de sacko
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13 août 2008

villages-perchoirs difficiles d'accès SommaireUne

villages-perchoirs difficiles d'accès

Sommaire

Une bonne piste, en partant de Sévaré, s'étend sur une soixantaine de kilomètres jusqu'à Bandiagara, chef-lieu administratif du pays dogon. De là, une piste difficile d'une quarantaine de kilomètres franchissant des seuils rocheux, serpentant entre les éboulis de grès qui portent parfois un village à peine discernable, tant il se confond avec l'environnement même en deux ou trois heures à la bourgade de Sangha. Localité rassemblant 13 villages ayant chacun un nom celle-ci est établie au sommet de la falaise et domine vertigineusement cette fantastique paroi rocheuse haute de 200 à 400 mètres, qui s'allonge sur près de 20) km.

Au campement de Sangha, il est facile de trouver un guide pour une excursion dans les falaises. Il est d'ailleurs fortement recommandé de partir à la rencontre des Dogon accompagné.

Les guides connaissent la région, les villages et leur chef, chez lequel s'effectue généralement la halte lorsque la randonnée dure plusieurs jours. De plus, ils connaissent les rites et les interdits nombreux chez les Dogon ce qui évitera de commettre des impairs. Le voyageur pressé peut faire un petit tour d'une journée, mais une randonnée de plusieurs jours s'impose si l'on veut s'imprégner un peu du pays dogon et vivre au rythme des villageois. Leur quotidien qui ne semble pas avoir changé depuis des siècles, à l'image de ce qu'en avait perçu l'ethnologue français Marcel Griaule, "se projette en mille gestes et rites sur une scène où se meut une multitude d'hommes vivants ". Marcel Griaule a approché de près la riche et complexe culture des Dogon parmi lesquels il a souvent résidé à partir de 1931. C'est lui qui est à l'origine du premier barrage d'irrigation et de l'introduction de la culture des oignons dans la région, qui reste la seule ressource d'échange. A sa mort, en 1956, les Dogon lui ont organisé des funérailles traditionnelles. Son mannequin funéraire surplombe aujourd'hui encore le barrage qu'il a fait ériger. Après les cérémonies funéraires, la coutume exige que soit brisée la houe du cultivateur pour signifier la fin de son labeur sur terre : le sens du symbole des Dogon les a alors poussé à briser l'outil de travail de l'ethnologue... un crayon.

Une cheminée d'escalade, aménagée pour le passage conduit au premier village de la falaise Banani. Chaque village est composé de cases d'habitation, qui se distingue par leur forme rectangulaire et leur toit-terrasse d'où la vue est somptueuse. Les villages sont parsemés de greniers, carrés à la base et coiffés d'un "chapeau " de paille conique, dans lequel est stocké le mil.

Trônant dans chaque quartier du village, la grande maison de famille (guinna) est le domaine du patriarche, gardien des autels des ancêtres, autorité morale et religieuse incontestée. Un peu plus loin, sur une éminence d'où l'on peut embrasser d'un seul coup d'œil le village et la plaine environnante, le togouna, ou maison de la parole, est l'endroit où les hommes se réunissent pour discuter des affaires du village.

La togou-na est constituée de huit piliers sur lesquels reposent huit couches de chaume ; le chiffre huit, selon la cosmogonie dogon, correspond au nombre des premiers ancêtres des Dogon. Si le toit du togou-na paraît anormalement bas, c'est simplement parce que les hommes y règlent les problèmes, assis, et si l'un d'entre eux s'emporte en se levant pour mieux se faire entendre, il est rapidement calmé en se cognant le crâne au plafond.

La "case à palabres " est restaurée chaque année, après la saison des pluies par les hommes du village qui consolident le socle et en ravivent les symboles et les couleurs.

A l'écart des maisons d'habitation se remarquent les cases rondes ou les femmes doivent s'isoler pendant leur période menstruelle, tandis que, çà et là, autels et sanctuaires totémiques portent la trace des libations de bouillie de mil ou du sang des sacrifices.

Moins connus que Sangha, Banani et les villages avoisinants comme ceux d'Ireli et de Tireli, d'autres villages s'égrènent à l'ouest des falaises au-delà de Kendié (au nord-ouest de Bandiagara). A partir de ce dernier village, plus de piste ; seulement des escaliers naturels gravissant jusqu'à Borko la succession de forteresses de grès dans lesquelles se sont réfugiés les Dogon de l'Ouest.

Sur les escarpements et les parois souvent difficilement accessibles des falaises, les Tellem, premiers habitants de la région, ont laissé de nombreuses constructions troglodytes. Celles-ci servent aujourd'hui de cimetière aux Dogon qui, à l'aide de cordes, hissent les corps des défunts jusqu'à leur dernière demeure, suspendue entre ciel et terre. Nul ne sait ce qu'il est advenu des Tellem : supplantés par les Dogon, ils disparaissent de la falaise au XV siècle, sans qu'on ait pu retrouver leur trace ou identifier leurs descendants de façon certaine.

Au-delà du folklore

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L'origine des Dogon, elle aussi, est mystérieuse. Provenant du Mandé, ils quittèrent cette contrée entre le XIe et le XIIe siècle ; leur départ fut sans doute déterminé par leur refus de se convertir à l'islam. La clémence du climat a servi d'élément de sédentarisation.
A leur arrivée dans la région des falaises, Ils se scindèrent en plusieurs groupes établissant des villages le long de l'escarpement sur le, plateau ou dans la plaine. Mais Ces derniers sont les plus exposés aux menaces extérieures et les attaques des Mossi au XVe siècle et des Peul au XVII siècle les obligèrent à se replier dans les anfractuosités de la falaise, ce qui explique la généralisation du choix de sites défensifs par les villageois et les caractéristiques si particulières de cet habitat.

Une cosmogonie digne de celles des peuples antiques

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Outre l'architecture, l'intérêt que présente le pays des Dogons tient à l'extrême richesse de leurs mythes et de leurs rites. Pour ce peuple, l'univers a été créé par Amma, le Verbe de Dieu, lequel engendra des jumeaux : Nommo, le Dieu d'Eau, maître de la vie et le Renard Pâle, incarnation de la révolte, de l'inceste et du désordre, mais aussi de l'émancipation individuelle hors des normes sociales. Ces deux principes complémentaires, et les oppositions qui en découlent (vie/mort, jour/nuit, homme/femme, sécheresse/humidité), régissent tous les aspects de la culture et de la vie matérielle des Dogon. Chaque masque remplit une fonction sociale. Les sauts périlleux des guerriers qui lancent leurs flèches vers le ciel ou bran dissent leur fusil en prenant à partie les mauvais génies sont autant de gestes réglés comme une horloge, destinés à faciliter l'entrée du défunt dans l'univers des ancêtres, à la fois parallèle et complémentaire de celui des vivants.
Le culte des morts est un élément essentiel de la religion dogon. Lors des cérémonies funèbres, et plus tard lors des "levées de deuil ", les masques sculptés par les danseurs se mettent à vivre, transmettant de génération en génération les mythes essentiels. Pour les voyageurs qui ont la chance d'y assister, ces danses constituent un superbe spectacle mais aussi par-delà l'aspect folklorique, un événement bouleversant car il touche à l'essence même d'un peuple.
Mais la plus grande cérémonie dogon, celle qui pare du plus de prestige l'initie qui y a assisté est le Sigui. Lorsque le masque du même nom, haut de sept mètres se met danser, le corps de celui qui le porte est animé par la respiration même du premier souffle de la création. Le visiteur devra hélas s'armer d'une patience à toute épreuve s'il veut assister à ce spectacle car cette cérémonie dont la dernière eut lieu en 1974 ne se reproduit que tous les soixante ans.

Un peuple fier, dur à la tâche

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Pourtant, même s'il ne fait qu'un bref séjour en pays dogon, le voyageur gardera le souvenir d'un peuple fier, parfois farouche, dur à la peine qui n'hésite pas à travailler sans relâche sur de minuscules parcelles où la terre a été apportée à dos d'homme -- mais aussi d'un peuple qui veille sur ses traditions, sachant ce qu'elles représentent pour lui : son plus précieux trésor. Les Dogon s'étonnent du reste de l'intérêt quelque peu envahissant que leur civilisation suscite chez les étrangers. Ils ne comprennent pas que leurs villages soient devenus des "musées vivants " dont on voudrait fouiller l'âme. Bref, ils ne comprennent pas qu'on cherche à les comprendre.

 

 

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